Exil, la cité
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Présentation d'une cité géante : Exil est un monstre vertical, un labyrinthe effrayant à la fois surpeuplé et paradoxalement désert dans certaines zones. La cité s'étend comme une énorme lèpre sur l'Océan oir, dressant face à lui des murs d'acier rouillé. Il y a de nombreuses façons de ressentir la cité d'Exil, et donc de la présenter. Chacune d'entre elles est forcément réductrice. Il faut d'abord garder à l'esprit qu'Exil est une cité de très grande taille, qui abrite plusieurs millions ...Contient : et de (55)(...) Il faut d'abord garder à l'esprit qu'Exil est une cité de très grande taille, qui abrite plusieurs millions d'âmes. Mais au-delà de ses immeubleset deses rues qui s'étagent verticalement, c'est également un labyrinthe souterrain dont les proportions sont proprement gigantesques. (...)
Il est devant une ville gigantesque, prise dans les brumes, dont il est difficile de discerner les limites. Puis il se rapproche de la coque noircie de métalet depierre qui plonge dans les tréfonds de l'océan exiléen. C'est une muraille gigantesque, où les anciennes maçonneries d'obsidienne des Anciens, parfois encore visibles, ont été renforcées année après année par des couches de blindage d'acier. (...)
Mais tout nous rappelle qu'ici, nous sommes bien dans l'antique cité sanctuaire : les flèches de pierre ciselées des tombeaux des Anciens, les étranges structures métalliques bâties par les Ingénieurs, les invraisemblables jardins et rivières suspendus au- dessus d'artères surpeuplées, les écrasants dômes des universitéset dela cité administrative... Ici je reste en arrêt devant ce qui semble être un hermétique tombeau de pierre noire dont les fondations s'enfoncent vertigineusement dans la carcasse d'acier de la cité. (...)
A chaque fois que vous devrez la décrire, remémorez vous les visions classiques de mondes (industrialisation, règne de la vapeuret del'acier, quartiers populaires) en les amplifiant, et vous serez dans le vrai. Enfin, n'oubliez pas qu'Exil est, à l'origine, un cimetière gigantesque, que beaucoup disent hantés. Rajoutez donc une louche de mystèreet demacabre, ça ne peut pas faire de mal... Un brouillard omniprésent, des chuchotements étranges dans les allées peu fréquentées, des créatures camouflées sous l'ombre des poutrelles d'acier. (...)
Toutefois, comme poussés par une ancienne survivance instinctive, les habitants d'Exil ont instauré les notions de nuitet dejour. La différence visuelle est peu notable (les lampadaires éclairent plus fortement durant ' le jour ') mais les habitants de la cité se sont calés sur ce rythme. (...)
Une fois happé par la cité géante, le visiteur peut allégrement se perdre dans les rues et les avenues de la cité. De l'extérieur, Exil est une énorme coque d'acieret depierre, qui ne s'ouvre sur l'extérieur que par son port et ses chantiers navals. A l'intérieur et au-dessus de ses parois, Exil est un dédale : rues et passerelles sont enchevêtrées, pas seulement sur une surface plane, mais également verticalement. (...)
Les derniers Anciens construisirent des palais décadents et monstrueux, où ils périclitèrent, aux cotés de leurs morts momifiés. Certains de ces palais de pierreet deverre sont toujours debout, la plupart servant de bases aux constructions modernes, et notamment aux palais des nobles Patriarches exiléens. (...)
A la chute des Anciens, les premiers clans humains, qui étaient jusque là cantonnés dans les zones inférieures de la cité, ont investi les palais supérieurs, ceux qui affleuraient à la surface, et ont entrepris de les adapter à leurs besoins. Inextricablement mêlés aux anciens tombeaux géants, se sont dressées des bâtisses de pierreet debrique, toujours plus grandes, souvent dans l'anarchie la plus folle. Puis les ingénieurs civils ont commencé à repenser la cité, tenté de la rationaliser. (...)
Cette question s'impose naturellement au nouveau venu dans la Cité d'Acier : comment me retrouver dans ce dédale ? Comment ne pas me perdre irrémédiablement dans cette forêt de ruelles, de bâtiments,et deplates-formes suspendues ? Exil est en fait un cauchemar de géomètre, qu'on ne peut guère cartographier, où l'on se repère grâce à quelques lieux immuables. (...)
L'emplacement d'un endroit n'a donc pas de signification, puisqu'il peut changer chaque jour, seules ses coordonnées de blocs sont importantes. Dans un même bloc, on dispose de numéros d'immeubles, de numéroset denoms de passerelles, de numéroset denoms de rue. Portrait : Rénald Sauémurre, Maître cadastreur. Maître Sauémurre a une obsession : la cartographie précise et évolutive de sa cité. (...)
Il considère la formidable diversité de la Cité comme un défi personnel, et depuis 50 ans, poursuit inlassablement sa tâche : la connaître dans ses moindres recoins. Chaque jour, armé de ses instruments de calculet dedessin, il arpente la cité, sans relâche. Depuis le port jusqu'aux cimes, il répertorie, classe et note. (...)
Harnachés comme des alpinistes, équipés d'appareils de mesure à résonance, ils inspectent sans relâche des kilomètres et des kilomètres de tubeset depoutrelles. Leur ballet incessant est particulièrement impressionnant : voir ces hommes évoluer, suspendus dans le vide, est pourtant tellement habituel qu'il n'étonne même plus les exiléens. (...)
C'est une très large voie qui passe à travers plusieurs flèches et traverse les jardins suspendus. Une partie est commerçante (boutiques de luxe et artisans les plus célèbres)et denombreuses sous passerelles, les plus riches de la cité, en partent. - Le pont des artisans : moins luxueuses que les échoppes du Pont Royal, les boutiques des artisans de ce pont se comptent toutefois par dizaine. (...)
A perte de vue, on ne distingue que des navires : du plus énorme transporteur forgien aux petites barges de débarquement, le port est une forêt de mâtset decheminées crachant la vapeur. Dans la brume humide du port, les quais et leurs environs sont souvent bondés : marins, manutentionnaires, douaniers, émigrants désorientés, courtiers, armateurs, négociants, agents de Sanitation... Au bout des quais commence le Quartier Maritime. (...)
L'odeur des abats, particulièrement tenace, y est difficilement supportable. Il arrive que le surplus de sanget dedéchets organiques dégorgent des broyeurs pour couler le long des rigoles du quartier. L'activité n'y cesse jamais. (...)
Le Belvédère : Construit sur un promontoire rocheux ouvragé, le Belvédère est une superbe structure d'acieret deverre qui surplombe le port. Il accueille une grande brasserie de luxe bien connue des exiléens, où se conclue une bonne partie des accords commerciaux de la cité. (...)
Extrêmement bien tenu, et fréquenté discrètement par des clients distingués, la Noble Elderne se vante de la qualité de ses pensionnaireset deleurs attentions. L'endroit est fantasmagorique : des enfilades de pièces surchargées de tapisseries et miroirs déformants, de nombreux petits salons privés et même une petite salle de théâtre pour spectacles coquins. (...)
C'est lui qui sélectionne les pensionnaires féminins et masculins de l'établissement, s'assure de leur état de santéet deleur statut. En effet, désireuse de conserver sa bonne réputation, la noble Elderne se refuse à employer des personnes en situation illégale. (...)
Quiconque s'enfonce dans les tréfonds de la Cité industrielle ne peut manquer d'être impressionné : une lumière rougeâtre, d'énormes ateliers, des lacs de métaux en fusion, des systèmes de poulieset detraction, de gigantesques machineries, un entrelacs de passerelleset deconduits, des rails et des tubes à air comprimé. Chaque jour, des milliers d'ouvrierset decontremaîtres s'enfoncent dans le coeur pulsant de la cité. « Le choc fut rude : je me voyais précipité dans un monde à part, si loin sous la surface que je ne voyais plus les flèches d'acier de la cité. (...)
Ces jardins aux configurations multiples peuvent ainsi être continuellement redécouverts. Ils sont ornés de bassinset decanaux, qui parfois sont eux-même suspendus dans le vide entre deux jardins. L'effet est assuré : la perspective sur les tréfonds d'Exil en contrebas est incroyable. Les jardiniers exiléens s'enorgueillissent d'avoir adapté plus de 340 espèces d'arbreset defleurs aux contraintes de la Cité d'Acier. Mais l'histoire des jardins suspendus est aussi tragique : lors des grandes émeutes sociales, la population s'est réunie ici pour manifester sa colère, sous les balcons des tours d'Administration. (...)
Elle est en charge de la gestion quotidienne de la cité. Caste à part entière, les fonctionnaires assurent le contrôleet dela bonne marche de la société de la ville lunaire. Leur arme : la bureaucratisation totale et étouffante... De l'esprit exiléenet del'Administration : Malgré l'écrasante omniprésence d'Administration et ses délais ahurissants, les exiléens sont fiers de l'état abouti de la bureaucratisation de leur société. A leurs yeux, il s'agit là d'une preuve supplémentaire de leur avancée sur les barbares Forgiens. (...)
Le titre de fonctionnaire est dévolu aux personnes diplômées de l'Ecole d'Administration. A l'obtention de ce titre, un nombre élevé de chargeset dedevoirs est associé. Le Fonctionnaire est censé montrer l'exemple de la complétude de la civilisation exiléenne. (...)
Somme toute, Berthin est heureux : son chef de secteur lui a parlé d'une promotion prochaine... Le Consistoire : Le Consistoire dirige officiellement Exil. Sa composition est malheureusement floue, ses principes de nominationet derévocation étant parmi les plus complexes que l'on puisse imaginer. Lors de la création d'Administration, les familles nobles lui octroyèrent pouvoir de contrôleet dedécision sur l'avenir de la Cité, sous juridiction du Consistoire. Il existe en réalité 2 consistoires. (...)
Le Consistoire « simple » est un organe consultatif, qui doit conseiller les membres du Consistoire restreint. Il est formé d'experts, de haut fonctionnaires, de représentants de la Caste des Ingénieurset dela Caste des Scientistes, de membres des groupes de pression (maisons de change, sociétés de gestion et industriels) et enfin de simples citoyens élus. (...)
« Personne n'est capable de dire, aujourd'hui, qui dirige réellement Administration... Je comprends votre surprise : Administration émane du Consistoire qui prend ses décisions en consultant représentants élus des habitants, ingénieurs, Patriarches et à l'occasion Scientistes. Administration et ses sous-services sont chargés de l'applicationet dela gestion quotidienne... Seulement, voilà, tout cela est théorique et personne n'est capable de démêler l'écheveau des ordres, contrordres et arbres de décision. (...)
Les départements ou ministères : Les départements sont innombrables, même sans compter les myriades de commissions d'enquêtes, de groupes de réflexionet derapprochement qui associent les différents Départements entre eux. Voici les principaux, ainsi que leurs domaines d'action théoriques... Rappelez-vous que personne n'est capable de savoir en définitive qui fait quoi et qui a autorité sur quoi. (...)
Une orientation qui est naturellement considéré comme une voie de garage dans une carrière de fonctionnaire. Les Services internes sont en charge de la gestion de la cité administrativeet deson personnel non fonctionnaire. Censure : Ce département décide de la ligne culturelle et morale de la Cité, et veille à son application. (...)
Certains exiléens sont impliqués depuis des années dans des procédures administratives auxquelles ils ne comprennent rien. Mais chacun tente de se rassurer : le perfectionnement d'Administrationet deses outils de traitement empêche toute erreur. Il y a donc forcément une explication logique à tout... La Cité universitaire : En Exil, savoir et technicité sont placés au-dessus de tout. (...)
Pourtant, dans chaque quartier, il existe des écoles ouvertes à tous et gratuites. Tout jeune exiléen doit ainsi au moins être capable de lire, d'écrireet decompter. Certains entrepreneurs à l'attitude patriarcale offrent aussi à leurs ouvriers et employés des cours de lecture. (...)
Ses corps de bâtiments, solidement implantés sur les fondations de plusieurs tombeaux antiques, forment une succession de bâtisses d'acieret depierre, capables de rivaliser avec les plus hautes flèches des maisons nobles. L'université a vraiment fière allure. (...)
Passerelles et quartiers étudiants : Sans surprise, les passerelles et les quartiers qui avoisinent l'université sont parmi les plus agités et les plus animés d'Exil. On y trouve un nombre incalculable d'estaminets, de cabaretset degargotes bon marché. Vendeurs à la sauvette, artistes de rues et prostituées se croisent dans ce quartier qui ne dort jamais. (...)
A ce propos, l'imprimerie est sans doute l'une des industries les plus florissantes d'Exil. On lit énormément,et detout : depuis le roman d'aventures et les reproductions d'oeuvres théâtrales jusqu'aux ouvrages les plus érudits. (...)
Les « collections Simmonet » sont parmi les plus réputées de la cité d'Exil. Issues des ateliers de Barliac Simmonet, ces livres sont réputés pour la qualité de leur papieret deleurs reliures. Simmonet, un homme rondouillard entre deux âges, n'a jamais accepté de s'équiper en machines à relier récentes. (...)
L'apparent illogisme du classement y ajoute sa cruelle désillusion. Notre première tâche est d'accepter d'être humble,et desavoir que notre travail ne fera que préparer celui de nos successeurs, car nous n'en verrons jamais le bout... » Ephère Noblet, archiviste chargé de la comptabilisation des registres d'acier : Mais pour le chercheur, l'étudiant ou le curieux, les grandes salles de travail de Contrôle et les volumes des Anciens ne seront pas visibles. (...)
Les ingénieurs ont réagencé les niveaux de le bibliothèque à l'échelle humaine : c'est pourquoi une carcasse d'acier double l'antique structure de pierre : des échelles et des passerelles permettent d'accéder aux plus hauts rayonnages, des escaliers métalliques permettent de descendre le long du moyeuet derejoindre certaines « fosses » de lecture. Malgré son gigantisme, l'endroit est chaleureux et évoque un doux cocon. (...)
Et le confort de ceux-ci a augmenté en proportion : l'arrivée de l'eau courante dans la majorité des quartiers, la généralisation du chauffage par les conduites de vapeur qui courent sous les planchers d'acier ou bien encore les premiers éclairages électriques qui commencent à remplacer les vieux lampadaires à huile ou à gaz. L'allumeur gazier (chargé d'alimenteret denettoyer les becs à gaz urbains) est à terme un métier menacé de disparition, même si pour l'instant des milliers de becs de gaz sont encore à entretenir... Depuis 300 ans, les Ingénieurs Civils rebâtissent donc inlassablement la Cité Verticale, renforçant ses anciennes superstructures de pierre, automatisant au maximum les fonctions de survie de la ville, tentant de faire disparaître toute trace de précarité. (...)
A l'aube de la cité, les habitants habitaient les caveaux de la surface, et les tours et palais des Anciens, tous de pierre. Les premières constructions humaines furent aussi de pierreet demortier tirés de la tourbe des îlots de l'Océan Noir. Les Ingénieurs y ont substitué l'acier et le verre. (...)
Un labyrinthe inextricable : La Cité machine doit être considérée comme une cité parallèle, qui double la cité visible. Toute la structure de la cité a ainsi son reflet machinique. Des légions d'Ingénieurs Civilset decontremaîtres assurent chaque jour la survie du mastodonte exiléeen : il faut en effet une véritable armée de technicienset demanoeuvres pour entretenir ce labyrinthe. Il existe des kilomètres de rails, tuyaux, passerelles, conduites et tranchées d'entretien, qui courent sous l'ensemble de la cité. Nuit et jour, des milliers d'hommeset defemmes sont donc chargés de nettoyer et réparer tous les éléments de la cité. Tout cela est coordonné au Centre Ingéniérique exiléen. (...)
Parmi les systèmes que contrôlent les ingénieurs civils se trouvent notamment : - Le système d'alimentationet deretraitement des eaux avec ce que cela suppose de milliers de kilomètres de conduites et d'égouts sinistres, bourrés de vermine. (...)
Elles sont pour la plupart automatisées et fonctionnent depuis des millénaires sans interventions réelles de la part des Ingénieurs qui restent perplexes devant elles. Sans fin, ces énormes blocs de métal, de verreet dematières inconnues, pulsent, grondent, tournent, produisent. Pour la plupart, leur fonction reste indéterminée. (...)
On peut à loisir en varier l'intensité, et ce sont ces machines soleil qui dispensent une bonne partie de la chaleuret dela lumière en Exil. Elles sont utilisées dans la production alimentaire, l'éclairage des jardins suspendus et dans certains quartiers riches. (...)
On y entretient plusieurs ballons de combat, propulsés à la vapeur. Ceux ci sont équipés de mitrailleuseset decanons légers, et sont pour l'instant surtout utilisés pour des missions de reconnaissance, tant les conditions atmosphériques de la lune de Forge sont changeantes et violentes. (...)
Depuis, cette série d'immeubles est restée vide. Seuls quelques pauvres hères s'y abritent parfois du froidet dela pluie, la peur au ventre. On raconte que les fantômes des habitants du quartier réapparaissent parfois, vaquant à leurs occupations quotidiennes, sans se rendre compte qu'ils n'existent plus dans notre réalité... » Darcy Dablardo, Souvenirs d'un insomniaque repenti . (...)
Les bas-fonds sont le dernier refuge des désespérés. Leur réputation est terrible en surface : on les accuse de voler, d'enleveret dedévorer les enfants, de se livrer à des pratiques impies dans les tombeaux antiques, de révérer les créatures immondes des bas-fonds, de comploter pour envahir la surfaceet derépandre des maladies infectieuses. La réalité en est bien loin, et la majorité des habitants des sous-sols sont en fait des pauvres hères qui ont tout perdu. (...)
On murmure aussi qu'elle rassemblerait autour d'elle d'autres aberrations scientistes dans le but de prendre le pouvoir dans les bas-fondset des'attaquer ensuite à ses tourmenteurs. les Tombeaux des Anciens : Sans qu'il s'en rende vraiment compte, l'exiléen vit au milieu des tombes des Anciens. (...)